Ceux qui me suivent régulièrement
ont compris que le virus
de la photographie d'amateur
a repris une nouvelle vigueur
en moi.
En 2005, si mon souvenir est exact, j'ai revendu à "Philippe", rue du Midi, tout mon matériel argentique. A l'époque, l'adaptation des objectifs Zuiko au nouveau matériel OM (en format 4/3) posait beaucoup de problèmes. J'ai acheté un boîtier numérique d'entrée de gamme chez Nikon et deux zooms de qualité moyenne, plus un flash performant. Ce fut une opération blanche, financièrement parlant.
Et au début de 2019, ayant un peu plus de temps à ma disposition et du stress à gérer, j'ai commencé à racheter des objectifs "de l'ancien temps". De fil en aiguille, ou de film en lentille si vous préférez, je me suis rendu compte que le passage vers un matériel permettant d'adapter TOUT ou presque serait une étape nécessaire à ma satisfaction.
Je pense que le choix le plus adéquat consistait à acquérir un "plein format" du système NEX. Les spécialistes comprendront et les autres s'en foutent. Oui mais voilà, j'hésite à acheter un boîtier d'occasion - so many things can go wrong - et les Sony neufs coûtaient fort cher. En outre, les gens d'Olympus ont eu l'intelligence de fabriquer un boîtier de qualité tout-à-fait acceptable qui reprenait peu ou prou les formes et format de mes vieux OM-1, OM-2 et OM-4. Et les modèles les moins récents se vendent, neufs, pour un prix abordable.
Voilà pourquoi j'ai aussi acquis un 28 mm Zuiko et un 50 mm Zuiko, comme "quand j'étais petit".
D'une part, la qualité optique de ces deux lentilles est réelle, d'autre part, elles me rajeunissaient d'un demi-siècle.
Une année plus tard, j'ai complété mon expérience des objectifs "vintage", ai appris à les "réparer" ou au moins à les entretenir et à corriger certains effets de l'usure des ans. J'ai également fait une découverte surprenante. Au moins une marque, Fotodiox, fabrique des adaptateurs non seulement bons mécaniquement parlant, mais également capables de rendre la mise au point à l'infini acceptable et les distances plus rapprochées bonnes, dans certaines conditions, sur le système Nikon. En effet, ce grand Nippon s'ingénie en permanence à empêcher qu'on panache son matériel et celui de la concurrence. Ils ont donc construit des formules optiques qui nécessitent un positionnement de l'objectif à une distance plus grande que l'énorme majorité des concurrents et des lentille anciennes. On peut toujours rajouter de la distance: une bague, c'est facile à intercaler. Mais rentrer l'objectif "intrus" plus près du capteur pour que leurs propriétés coïncident, c'est impossible. D'une part, on cognerait le miroir, d'autre part, il n'y a pas la place. La seule solution consiste donc à ajouter une lentille d'une puissance dioptrique apte à faire converger la lumière de l'objectif pile-poil à l'endroit où elle doit aller.
Oui mais voilà, ces lentilles devraient être parfaites, et donc chères. La plupart des marques d'adaptateurs vous vendent de la cacaille, comme on dit en Belgique. Mais l'une d'elles a choisi de proposer, au contraire, une qualité très convenable, pour un vingtaine d'euros de plus. Je peux donc à présent également me servir de mon bon boîtier Nikon - car la qualité technique de cette marque est exemplaire, même si leur stratégie commerciale relève du grand banditisme, ou au moins du crime organisé - avec la majorité des vieux objectifs que je rachète d'occasion, petit-à-petit et un à un.
Bien plus, en traître que je suis, j'ai converti le frère de Christine, Thierry, à l'usage d'objectifs vintage également. Et puis, j'ai offert un Hélios soviétique (de 1961) à Christine elle-même, qui ne veut plus entendre parler du "tout-automatique" moderne. Ensuite, c'est son beau-fils, Guillem, qui a pris le virus. Et il l'a bien pris: ses photos sont magnifiques.
Mais mon plus beau succès, c'est le débauchage de mon ami Marc Domb. Il a passé deux fois dans sa vie un examen de physique auprès du Prof. Englert, devenu Prix Nobel en 2013, et celui-ci lui a à chaque fois donné le maximum des points. Je ne sais pas si les questions posées portaient sur de l'optique. Mais ce que je sais, c'est que mon ami est un excellent photographe-amateur, comme son père avant lui, et qu'il dispose d'un matériel très performant. Il est un "nikoniste" indécrottable et un tenant inconditionnel de la modernité, y compris en technique. Eh bien, lâchement une fois encore, je lui ai offert un Hélios spécialement adapté aux nikons, qui avait déjà fait ses preuves entre mes mains. Et il a craqué!
Je pense qu'un Lydith, et la bague qu'il nécessite, devrait bientôt rejoindre sa trousse photographique. Il s'agit d'un grand-angulaire fabriqué en DDR dans les années '60, chez Meyer-Optik Görlitz, et qui offre des clichés à l'ambiance fantastique.
Je déplore aussi un échec cuisant: mon ami Yves, grand voyageur et même "globe-trottter" impénitent, champion de l'empreinte carbone inavouable, utilise du matériel Canon, sur lequel on adapte excessivement facilement et à très peu de frais un grand nombre d'autres objectifs anciens. Je les lui ai fait essayer mais il préfère le confort du moderne au romantisme du vintage. Il faut préciser qu'Yves a fait une carrière de spécialiste en maladies infectieuses de premier plan, mais qu'il aurait tout aussi bien pu finir ingénieur. Il possède ces deux formes de talent et a préféré la médecine, in fine, pour désobéir à son père! Ceci explique sans doute son pragmatisme technique: il préfère aussi manger les huîtres quand sa compagne les a ouvertes pour lui ....
Moi, je me régale entretemps de toutes ces images, de toutes ces conversions,
un petit bonheur sans grand danger.
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Anne e Marc (Saturday, 14 March 2020 21:49)
Nous commencons à mieux comprendre l’origine de ton goût pour la digression (Distance angulaire d'un astre (étoile ou planète) par rapport à un autre ou à un plan de référence). En te remerciant de ta prose digressive et si plaisante.